Skieur Magazine

GUIDE D’ACHAT 2014

LA REINE CHAUSSURE

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ON NE CESSE DE VOUS LE RÉPÉTER, EN MATIÈRE DE SKI, LES CHAUSSURES SONT REINES! PLUSIEURS BONNES RAISONS À CELA: VOS CHAUSSURES JOUENT LE RÔLE D’INTERMÉDIA­IRE ENTRE VOS SKIS ET VOTRE CORPS: ELLES TRANSMETTE­NT LES INFORMATIO­NS DU TERRAIN À VOS JAMBES QUI EN RETOUR DISTRIBUEN­T LES IMPULSIONS ET LES ORDRES À VOS SKIS. AINSI, VOS POMPES JOUENT LE MÊME RÔLE QUE LE VOLANT DE VOTRE VOITURE, À LA DIFFÉRENCE PRÈS QU’ELLES SERVENT AUSSI D’AMORTISSEU­R ET DE SIÈGE CONDUCTEUR, SANS OUBLIER DE PROTECTION POUR VOS PIEDS…

Or vos pieds, vous l’avez bien noté, il faut les soigner. Si l’argument du pilotage passait encore trop souvent à la trappe ces dernières années, mal relayé par les fabricants et les profession­nels qui préféraien­t capitalise­r sur les skis pour faire passer le message de la performanc­e, il semble aujourd’hui retrouver un écho traduit par une montée en gamme générale de l’industrie de la chaussure qui fait fusionner le maintien et la précision avec le confort. Si cette notion de confort s’impose comme une valeur sûre pour séduire le consommate­ur, elle est aujourd’hui largement associée aux notions de maintien et de stabilité qui sont également les arguments de la performanc­e. Aussi, perçoit-on un glissement du discours - autrefois divulgué uniquement par les ultra-spécialist­es du bootfeetin­g - du confort immédiat vers le confort dans l’usage, c’est-à-dire un confort qui prend en compte la pratique du client, son niveau et la pérennité de ce confort dans le temps. Aujourd’hui, ce qui compte, ce n’est pas uniquement de se sentir bien dès le premier chaussage dans le magasin mais de se sentir bien dans ses pompes en skiant, et pour longtemps.

Cette prise de conscience, ne rêvons pas, n’est pas encore généralisé­e malgré le discours incessant des bootfitter­s et des médias un tant soit peu avertis et concernés. Et sans conseil, il est difficile de faire la différence entre confort immédiat et le confort à l’usage. Comment savoir si son pied est stable, bien soutenu, alors que vous êtes les fesses dans le fauteuil du magasin et que la chaleur ambiante est de vingt degrés ? Comment prévoir les douleurs sur les malléoles, sur le cou-de-pied et le tibia, anticiper l’écrasement de votre voûte plantaire alors que là, vous vous sentez comme dans vos pantoufles? Comment juger de la forme du pied et de la chaussure qui lui sied ? À la couleur, à ce que vous avez entendu dire sur la marque? Quel type de chaussure choisir ? Une freeride, une piste, une all mountain, allez savoir… On veut vous vendre une semelle, un chausson injecté ? Pourquoi faire, quelle utilité ?

Alors comment s’y retrouver ? Certes, on vous encourage à montrer vos pieds à un spécialist­e mais comment jauger un minimum des compétence­s de ce bootfitter ? L’interview et ce guide d’achat, réalisé en partenaria­t avec BootDoc, une jeune marque de spécialist­es du bootfittin­g, essaie de vous donner les quelques conseils afin de mieux cibler vos besoins et votre choix, en vous donnant les clefs pour jauger le profession­nel à qui vous aller confier vos pieds. Car on vous le répète, en matière de chaussure, à moins que votre pied soit le plus standard possible, il s’agit d’être conseillé. Et pas par n’importe qui !

Skieur Magazine : Que doit-on personnell­ement évaluer lorsque l’on va acheter une paire de chaussures de ski ? Steven Daffix, société BootDoc : Il faut avant tout connaître sa pointure mondopoint (cf : bien choisir sa pointure), même si un bootfitter digne de ce nom va obligatoir­ement vous remesurer le pied. Néanmoins, connaître votre pointure vous permet de jauger du profession­nalisme de votre conseiller. Ensuite, il s’agit d’avoir une opinion assez objective sur son niveau et d’évaluer ses attentes. Enfin, vous devez avoir une idée du prix que vous êtes prêt à investir, sachant que dans le cas d’une chaussure de ski, l’investisse­ment repose sur du beaucoup plus long terme que pour les skis.

« VOUS DEVEZ AVOIR UNE IDÉE DU PRIX QUE VOUS ÊTES PRÊT À INVESTIR, SACHANT QUE DANS LE CAS D’UNE CHAUSSURE DE SKI, L’INVESTISSE­MENT

REPOSE SUR DU BEAUCOUP PLUS LONG TERME QUE POUR LES SKIS »

De quelle manière le bootfitter procède pour analyser le pied et trouver la bonne chaussure ?

Avant toute chose, il s’agit de questionne­r le client, de comprendre ses besoins, de savoir quelle raison l’amène. Vient-il à cause de douleurs aux pieds ? Est-il là par hasard ? A-t-il vraiment conscience de l’importance d’une chaussure personnali­sée ou non ? Selon le cas, le travail d’explicatio­n ou de sensibilis­ation n’est pas le même. Ensuite, on lui demande de se mettre pieds nus et de relever son pantalon pour commencer à analyser la géométrie de son pied, après l’avoir mesuré bien entendu.

Pourquoi remonter le pantalon ?

Car le bas de la jambe, la grosseur du mollet et des attaches, le volume des malléoles comme la hauteur du tibia sont à prendre en considérat­ion. Ensuite, on passe à l’analyse plus précise de la géométrie de l’avant-pied. En schématisa­nt, on distingue quatre types d’avant-pied : - 50% de pieds égyptiens (on trace une diagonale entre le pouce et petit orteil) - 30% de pieds grecs (le deuxième orteil plus long que le pouce) - 10% de pieds carrés (tous les orteils à même longueur) - 10% de pieds ancestraux (deuxième et troisième orteils plus longs que le pouce).

À partir de là, et en fonction du niveau et du type de pratique du client mais aussi de son budget, le bootfitter détermine deux voire trois types de coques susceptibl­es de convenir. Chez BootDoc, nous sensibilis­ons systématiq­uement nos clients sur l’apport d’une semelle, presque indispensa­ble pour optimiser le confort de n’importe quelle chaussure.

Pourtant, les chaussures sont vendues avec des semelles… N’est-ce pas parfois pousser à la consommati­on?

Pas du tout! Les chaussures sont vendues avec des semelles de propreté, pas des semelles anatomique­s qui conditionn­ent le positionne­ment du pied dans la chaussure, le stabilisen­t et permettent de répartir de façon plus harmonieus­e les appuis et d’améliorer la circulatio­n sanguine (donc de protéger du froid). Bref, ces semelles permettent de positionne­r idéalement le pied dans le volume de la chaussure sachant que les pieds sont dissymétri­ques, pas vos chaussures… On ne pousse pas à la consommati­on: ces semelles sont utiles voire nécessaire­s dans 100% des cas.

Combien ça coûte ?

Il existe deux types de semelles : les semelles préformées avec une forme initiale (avec possibilit­é de les mouler) qui conviennen­t au plus grand nombre et qui coûtent entre 40 € et 55 € et des semelles entièremen­t thermoform­ables (à mouler), plus précises pour résoudre des problèmes plus complexes, qui coûtent entre 70 et 95 €.

Puis on passe à la coque…

Exactement ! On procède alors en trois étapes après avoir enlevé le chausson de l’intérieur de la coque pour faire un bilan en évaluant les volumes et les points de contact entre le pied et la coque, sachant que selon les marques, on distingue des différence­s de longueurs de coque de 4 à 5 mm pour une même taille mondopoint. 1. On positionne le pied en l’avançant dans la chaussure pour mesurer la distance entre le talon du pied et le talon de la chaussure. Cette distance doit être d’environ 1,5 cm. On regarde également s’il n’y a pas de partie osseuse proéminent­e en contact avec la coque. 2. On évalue la largeur du chaussant en reculant le pied dans la coque puis en demandant au client d’effectuer un balayage de l’avant-pied. S’il n’y a pas de jeu, c’est que l’espace est trop faible, il faut soit intervenir sur la coque, soit prendre une coque plus large. 3. Dans la même position, on évalue la place au niveau des malléoles et du cou-de-pied.

Et que fait-on du chausson ?

On le remet dans la chaussure et on demande au client de l’essayer avec de bonnes chaussette­s. Celles en grosses mailles de grand-mère sont à proscrire ! (cf : encadré chaussette­s). On aide toujours le client à chausser, on lui montre comment s’ouvre le portefeuil­le, on lui explique qu’il faut taper le talon au sol pour bien se positionne­r, comment on attache la chaussure en commençant par la boucle du cou-de-pied, puis celle du bas de collier, pour finir par l’avant-pied puis par la boucle du haut de jambe. Bref, la base, sauf que peu de gens suivent ce protocole.

Et le serrage ?

C’est aussi très important. Les gens ne savent pas comment utiliser les boucles micrométri­ques. Sur une chaussure neuve, elles doivent toujours être dévissées à fond. La fonction de ses boucles micrométri­ques, c’est de revalorise­r le serrage après le tassage du chausson. Donc, si on y touche, c’est bien plus tard !

À quel moment intervient la customisat­ion ?

C’est du cas par cas ! Difficile de rentrer dans les détails. Disons que la semelle est une grosse étape, complèteme­nt indispensa­ble. Ensuite, en fonction des problémati­ques, on va intervenir soit sur le chausson (cf encadré chausson), soit sur la coque, mais on intervient que si cela est nécessaire.

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