RÉDUCTION DE MUNTER
Conscient des imperfections et des limites de sa formule 3x3 (lourdeur, complexité), Munter a voulu aller plus loin en mettant au point une méthode simplifiée complétant cette formule et répondant aux conditions suivantes : • Etre rapide à mettre en oeuvre car « il vaut mieux analyser une pente pendant trente secondes que creuser pendant trente minutes ». • Permettre d'éviter des erreurs grossières dans la préparation et la conduite d'une course (erreurs liées à une appréciation subjective) en fournissant une grille de mesure objective. • Ne pas faire appel à des connaissances nivologiques approfondies (le seul bulletin d'estimation du risque d'avalanches doit suffire). La formule proposée quantifie et met en rapport le potentiel de risque général et les facteurs susceptibles de réduire localement ce risque (choix du terrain, comportement). Ces facteurs de réduction ne s'ajoutent pas, mais se multiplient. Le résultat, qui exprime le « risque résiduel accepté », ne doit pas être supérieur ni égal à 1. Le point de départ est le niveau de risque tel qu'il est annoncé dans le BERA (Bulletin d'estimation du risque d'avalanches). Chacun de ces niveaux est affecté d'un coefficient : • Risque 1 (faible) : 1 • Risque 2 (limité) : 4 • Risque 3 (marqué) : 8 Pente - Orientation – Comportement Les facteurs de réduction " FR " sont de trois types : Les facteurs de première priorité sont liés à la raideur de la pente. Pente la plus raide comprise entre 35 et 39° : FR = 2 Pente la plus raide comprise entre 30 et 34° : FR = 4 Les facteurs de deuxième priorité sont liés à l'orientation. Si l'on évite les pentes de secteur nord-ouest à nord-est : FR = 2. Si l'on évite les pentes de secteur compris entre ouest-nord-ouest et est- sud-est : FR = 3. Si l'on évite les altitudes et expositions mentionnées explicitement dans le BERA : FR = 4. Les facteurs de troisième priorité sont liés à la fréquentation et au comportement. Pente régulièrement parcourue : FR = 2. Grand groupe avec distances de sécurité, ou petit groupe (2 à 4 personnes) : FR = 2. Petit groupe avec distances de sécurité : FR = 3.
QUELQUES PRÉCISIONS
Le coefficient affecté à chaque degré part du principe que l'ampleur du risque double chaque fois que l'on passe à un niveau supérieur. On doit toujours retenir le risque le plus défavorable lorsque celui-ci est variable en fonction des versants. À partir du risque 3, on doit obligatoirement chercher à obtenir un facteur de réduction de première priorité (raideur de la pente). L'orientation des pentes propices au danger d'avalanche a été définie à partir d'une étude statistique portant sur une série d'accidents mortels survenus en Suisse sur une période de 20 ans. Il en ressort que près de 60% des accidents s'étaient produits en secteur nord. Des pentes « régulièrement parcourues » se définissent par la présence de nombreuses traces après chaque chute de neige (hors-piste de proximité, grandes classiques). Mais le danger peut être tout proche. La méthode ne retient que deux paramètres topographiques fixes : orientation et raideur de la pente. Elle ne tient pas compte de la configuration du terrain, de la proximité d'une crête, de l'altitude ni de l'ampleur de la pente. Attention : couloirs et combes ont souvent plusieurs expositions. Leur axe n'est pas toujours la partie la plus raide… Pour ceux qui n'aiment pas « faire fonctionner leurs neurones », il existe une version élémentaire qui se résume en une règle simple. Il ne s'agit plus de calculs savants mais de bon sens : • Par risque 2 (limité), ne pas évoluer sur des pentes supérieures à 39°. • Par risque 3 (marqué), ne pas dépasser 34°. • Par risque 4 (fort), s'en tenir à des pentes moyennes. Deux exemples 1. Par risque annoncé 3 (équivalant à un potentiel de risque 8), un groupe de 6 personnes se suivant de près (pas de FR) s'engage dans une pente vierge à 35° (FR=2) en versant nord. On ne dispose que d'un seul facteur de réduction, égal à 2. Le risque résiduel est donc de 4 (8 : 2). Le renoncement s'impose. 2. Avec le même niveau de risque, le groupe de 6 personnes adopte les distances de sécurité (FR=2) et choisit une pente vierge de 35° (FR=2) orientée au sud (FR=3). On obtient dans ce cas un risque résiduel de : 8 divisé par (2x3x2) = 0,67. On peut alors y aller, si l'on n'oublie pas de respecter les distances de sécurité. Dans le cas contraire, le risque résiduel passe à 1,33 donc supérieur à 1 et donc inacceptable. Avantages (+) et inconvénients (-) Potentiel de risque : + Le but est d'affiner le risque d'avalanche défini par le bulletin. - Le niveau de risque annoncé par le bulletin est une prévision (effectuée la veille). - Ce risque ne tient pas compte du profil, de l'ampleur de la pente, de l'altitude, car il est établi à l'échelle d'un massif (400 à 800 km2). - On dit que le responsable doit ajuster le risque mais cette estimation est largement subjective. - Quid du décalage fréquent entre la France et la Suisse concernant le niveau du risque, particulièrement pour le risque 3 ? Inclinaison de la pente : + C’est un facteur de première priorité. - Il est difficile de faire la différence entre 34 et 35°. - Ne pas croire qu'il n'y a aucun risque en dessous de 30°. - Toujours prendre en considération les pentes situées en amont.
ORIENTATION :
+ 60% des accidents se produisent en versant nord où le manteau neigeux présente plus fréquemment des couches fragiles constituées de grains anguleux. - Une pente a parfois plusieurs orientations. - Ne pas négliger l'orientation des pentes situées en amont. - Les versants nord ne sont pas toujours les plus dangereux. - Ces statistiques peuvent être faussées : attrait des skieurs pour les pentes nord (neige plus abondante et généralement de meilleure qualité), donc plus de fréquentation. - La liste des pentes signalées dans le bulletin n'est pas forcément exhaustive. Elle peut en outre varier au fil de la journée.
PENTES PARCOURUES :
+ On peut ainsi distinguer les pentes où la neige évolue naturellement et celles qui sont tracées après chaque chute. - A partir de combien de traces ce critère est-il valable ? - La pente doit être parcourue dans sa totalité dès les premières chutes de neige puis à chaque nouvelle chute, et ce de manière suffisante (grand nombre de traces et non traces isolées).
COMPORTEMENT DU GROUPE :
- Ces facteurs ne devraient pas être pris en compte puisque ces règles de conduite devraient être appliquées systématiquement. - L'espacement est efficace à condition que les distances soient suffisantes. Mais quelle distance est vraiment suffisante ? - Un grand groupe prenant des distances et un petit groupe sans espaces présentent-ils vraiment le même niveau de sécurité ?