Skieur Magazine

3 FILTRES DÉCISIONNE­LS

-

Plus récente, il n’est donc pas impossible que cette méthode ait évoluée ou évolue dans un proche avenir. Chacun peut s'il le souhaite et sous sa propre responsabi­lité, l'utiliser en prenant en compte les critères proposés et en la complétant d'autres outils d'aide à la décision.

RETOUR SUR L'ACTION DU SNGM EN MATIÈRE DE PRISE DE DÉCISION, MISE EN OEUVRE À LA SUITE DE L'HIVER 2005-2006.

Les événements de l'hiver 2005-2006 en matière d'accidents d'avalanches ont largement préoccupé et mobilisé le Syndicat national des guides de montagne. Les éléments de réflexion présentés ci-dessous résument l'analyse de la situation du point de vue des guides, ainsi que l'action qui a été menée.

1. UN CONSTAT

L'émoi provoqué par le dramatique hiver 2005-2006 a conduit le SNGM à engager une réflexion sur la prise de décision en environnem­ent hivernal. Pour cela, le SNGM a souhaité agir à partir du travail réalisé par des guides suisses dans le cadre de leur formation initiale. La méthode 3x3 ainsi que la méthode de réduction formalisée par Werner Munter ont été largement expériment­ées dans ce contexte. Nous avons pu profiter de ce retour d'expérience, grâce à l'implicatio­n de Claude Rey, présent en tant qu'observateu­r à l'un de ces stages. Ce n'est évidemment pas chose aisée car, comme l'écrivait ce dernier dans Montagne Magazine en novembre 2006, « beaucoup de décisions prétendume­nt prises au nom de la raison cartésienn­e reposent essentiell­ement sur des ressentis émotionnel­s ». Ceci tendrait à expliquer pourquoi, parmi les victimes d'accidents d'avalanches, figurent un grand nombre de personnes ayant de bonnes connaissan­ces sur la neige et les avalanches (ou de personnes qui pensent maîtriser la situation). Les connaissan­ces fines dans ce domaine pouvant inciter à aller trop loin, des outils d'aide à la décision devraient permettre d'augmenter la marge de sécurité.

2. MÉTHODOLOG­IE UTILISÉE

L'été 2006 a vu la mise en place d'un véritable projet conduit en plusieurs étapes : * Création d'une cellule de réflexion, définition des objectifs et mise au point d'outils d'aide à la décision. * Mise en place de réunions/débats dans chaque région (nous avons réuni 500 guides au cours de sept réunions). * Tests sur le terrain par les guides, mise en place d'un forum de recueil d'événements, permettant la mise en commun des expérience­s de chacun. * Echanges sur la méthodolog­ie avec nos collègues suisses. * Bilan provisoire après un hiver de tests. * Poursuite de la réflexion pendant l'hiver 2007/2008.

3. BILAN DE LA RÉFLEXION

Après un hiver 2006-2007 plutôt favorable en termes de risques d'avalanche et d'accidentol­ogie (nombre de victimes inférieur d'un tiers à la moyenne), donc non représenta­tif, nous pouvons tirer un bilan en deux parties : La prise de conscience chez les guides a été très forte. Un électrocho­c a probableme­nt eu lieu dans la profession et le SNGM ne peut qu'en être satisfait. Il est cependant indispensa­ble de pro- contrastée­s : De l'aveu même de son auteur (W. Munter), cette méthode a été mise au point avec l'utilisatio­n d'indicateur­s propres à la randonnée à skis. Pour cette raison, il est important de souligner les particular­ités de la pratique du ski hors-piste, notamment au regard des contrainte­s de rapidité de prise de décision dans un espace/temps très différent de celui de la randonnée à skis. Dans ce sens, il est souhaitabl­e de repenser cette méthode pour un usage approprié au hors-piste. L'expériment­ation faite par les guides français l'hiver dernier n'a pas permis pour l'instant de faire des propositio­ns nouvelles. Le principe d'un calcul précis aboutissan­t à la décision ou plutôt à la confirmati­on d'une décision, à partir de données parfois subjective­s, nous incite à penser que son usage devrait plutôt permettre à l'utilisateu­r de se situer sur une échelle de risque que

« DE L'AVEU MÊME DE SON AUTEUR (W. MUNTER), CETTE MÉTHODE A ÉTÉ MISE AU POINT AVEC L'UTILISATIO­N D'INDICATEUR­S PROPRES À LA RANDONNÉE À SKIS. »

longer ce travail de réflexion sur une plus longue période pour espérer atteindre des objectifs pérennes. • Les outils : l'ensemble des outils ont été testés. La méthode 3x3 est enseignée depuis quelque temps dans la formation des guides en France (initiale et continue). La mobilisati­on de l'hiver dernier a permis une analyse en profondeur et une utilisatio­n plus systématiq­ue. Elle apparaît comme la clef de voûte du dispositif de prise de décision et semble être essentiell­e à la structurat­ion de toute décision à prendre. Nous avons souhaité la modifier par une prise en compte prioritair­e des facteurs humains. Nous avons aussi substitué l'appellatio­n « filtre décisionne­l » à celle d'origine « 3x3 », afin de souligner les phases successive­s de renoncemen­t possible. Afin de faciliter l'évaluation de la situation nivologiqu­e, nous avons voulu adjoindre un outil complément­aire, sous forme d'une grille d'estimation du risque local d'avalanche, permettant à chacun d'évaluer de façon autonome et autant de fois que nécessaire la situation nivologiqu­e des lieux qu'il parcourt. Cette grille devra être affinée dans les prochains hivers.

• La méthode de réduction a fait l'objet de conclusion­s provisoire­s d'obtenir un chiffre au caractère intangible. Autrement dit, ces méthodes chiffrées ne doivent viser ni à autoriser ni à interdire, mais à mieux évaluer à quel niveau de prise de risque on se situe. Dans cette optique et contrairem­ent à l'usage préconisé par son concepteur, il nous semble intéressan­t d'utiliser cette méthode dans les phases de préparatio­n (3x3). Une utilisatio­n précoce, donc anticipée, diminue à notre sens la nécessité d'une utilisatio­n plus aléatoire sur le terrain. L'expériment­ation de ces différents outils met aussi en évidence des problèmes très pratiques, notamment les insuffisan­ces des cartes topographi­ques. La lecture des courbes de niveau est en effet difficile, voire quasi impossible dans les pentes raides sur les cartes françaises. Les cartes suisses sont plus lisibles, mais posent la question du manque de précision. Plus globalemen­t, c'est la mesure de la pente qui pose problème et elle demeure pour l'instant un frein à l'usage systématiq­ue de la méthode de réduction. On pourrait donc imaginer que les futurs topos décrivant les itinéraire­s de ski hors-piste et de randonnée intégreron­t ce besoin de précision, ce qui permettrai­t d'optimiser l'usage de la méthode de réduction et, à terme, la prise de décision.

Bruno Garban aux 7 Laux surplombe une piste : attention danger.

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France