Skieur Magazine

LA GENESE

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L’homme n’a jamais marché sur l’eau, pas plus qu’il ne flotte sur la neige. La légende raconte que des chasseurs seraient restés en surface grâce au gibier accroché sur leur dos alors qu’ils s’étaient fait prendre dans une coulée. Ou bien encore qu’Emile Allais, alors en charge des pistes de Courchevel dans les années 60, équipait préventive­ment ses pisteurs avec de grands sacs remplis de sciure. On assiste ensuite à des expériment­ations, toutes aussi farfelues les unes que les autres afin d’augmenter le volume du corps des skieurs pour tenter de surnager à la surface de l’avalanche, sans grand succès. Suite à la mort de son associé et ami dans une avalanche, Peter Aschauer, un industriel allemand, fonde la société ABS en 1980. Il rachète un brevet de ballon gonflable, développe le produit et présente le premier sac airbag fonctionne­l à l’ISPO de Munich en 1985 (30 ans déjà). Les ventes décollent tout doucement mais au bout de dix ans, le système d’airbag commence à être plébiscité par les profession­nels de la montagne. Arriveront ensuite sur le marché les Suisses de Snowpulse en 2007 (rachetés par Mammut en 2011) puis BCA dans le Colorado. Pour être tout à fait complet on peut aussi citer Mystery Ranch aux USA et UBAK en France (qui est plus sur un concept de gilet airbag destinés aux profession­nels des secours).

COMMENT ÇA FONCTIONNE ?

Le principe de base est d’augmenter le volume du corps pour éviter l’enseveliss­ement sous la neige lors d’une avalanche. C’est le phénomène physique de ségrégatio­n inverse qui fait que dans un flux de matière en mouvement, les grosses particules flottent mieux que les petites. Rien à voir avec la poussée d’Archimède. Le volume de l’airbag (entre 150 et 200 litres selon les modèles) double quasiment le volume du skieur, ce qui lui permet de rester en surface ou d’être enseveli de façon partielle (ou au pire de se retrouver moins profond qu’une victime sans sac airbag). On peut noter que les ballons peuvent aussi aider à localiser plus rapidement une victime partiellem­ent ou complèteme­nt ensevelie, ce qui est un gain de temps précieux quand on connaît les aléas de la recherche DVA, et la chute des probabilit­és de survie au fur et à mesure que le temps de dégagement de la victime augmente.

LES LIMITES DU SYSTÈME :

En cas de sur-avalanche, on est souvent sur une pente faible, à l’endroit ou la première avalanche s’est stoppée et nous a déposés. L’absence de pente va empêcher le phénomène de ségrégatio­n inverse et l’on risque de se faire recouvrir, airbag ou pas airbag. C’est le cas typique du skieur sauvé par son airbag, qui dégaine son DVA pour chercher un membre du groupe et qui est enseveli quand une deuxième avalanche part au-dessus de lui. Petit bémol aussi en ce qui concerne les chocs avec des obstacles. Contrairem­ent à la voiture, l’efficacité de l’airbag n’est pas prouvée (même si on peut imaginer qu’avec un peu de chance cela puisse amortir un peu, si l’angle du choc est favorable). Enfin, certaines avalanches d’une puissance extrême sont tout à fait capables d’arracher le sac du corps (ou bien les ballons du sac), mais là de toute façon, les chances de survie sont faibles. Gardons à l’esprit que l’airbag doit de toute façon être utilisé comme un outil supplément­aire, au cas où les choses tournent mal, pas comme une assurance vie tout risque.

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Mammut, après avoir racheté Snowpulse, a effectué des essais en live afin de valider sur le terrain ce que la R&D avait imaginé. Un exercice grandeur nature où des mannequins ont été déposé par l’hélicoptèr­e, leur sac déjà gonflés, avant que des...

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