Skieur Magazine

MARCHE ET PERSPECTIV­ES

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Vous avez pu le constater facilement sur les pistes, le nombre de skieurs convaincus augmente chaque année. Le marché mondial, estimé à 50 000 sacs vendus pendant l’hiver 2012/2013 (ce qui comparé à 4 millions de paires de ski et 1 millions de snowboards vendus par an ne représente que 1%...) bénéficie d’un taux de croissance annuel de 25%. Le marché le plus porteur reste l’Europe, avec en tête de liste l’Autriche et la Suisse, suivie par la France. Les skieurs des Alpes Centrales, pragmatiqu­es ont été plus prompts à s’équiper « puisque l’efficacité du système est prouvée, si j’ai le budget, j’achète » alors que les Français auraient une approche plus intellectu­alisée « est-ce que cela ne va pas modifier mon approche de la montagne et de la gestion du risque ? », et préfèrerai­ent probableme­nt aussi dépenser 800 euros pour de nouveaux skis plutôt que pour un élément de sécurité. Les Nord-Américains, pourtant friands de gros skis montés en fixations débrayable­s pour explorer l’arrière pays, sont un peu en retard pour plusieurs raisons. Leur terrain de jeux, plus boisé que chez nous, limite l’efficacité du système (le nombre de tués par collision lors d’une avalanche est plus important qu’en Europe). Ensuite, l’immensité du territoire fait que le yuppie new yorkais ou le geek de la Silicon Valley prend très souvent l’avion pour aller skier… Et là, les choses se compliquen­t (voir encadré)… Enfin, les leaders du marché étant européens, ils ont du créer un réseau de distributi­on qui n’existait pas et comme souvent lorsqu’on parle de matériel de sécurité, faire face à des normes parfois absurdes, les obligeant à adapter leurs produits, ce qui a retardé la diffusion outre Atlantique. En France, ces dix dernières années, l’explosion (relative) de la pratique du freeride et de la randonnée, a d’abord fait progresser les ventes de DVA. On entrerait aujourd’hui dans une deuxième phase, avec un marché de renouvelle­ment pour les DVA et d’équipement pour les airbags, ce qui accroît d’ailleurs la pression budgétaire sur le skieur qui bien souvent doit choisir entre changer son DVA de première génération ou s’offrir le sac magique (plus les nouveaux skis, le forfait saison, etc…). Malheureus­ement, c’est encore souvent l’accident médiatisé ou la grosse frayeur d’un proche qui pousse à envisager l’investisse­ment. Dans cette clientèle assez variée, on peut distinguer trois grandes catégories : Le pro de la montagne ou le très fort skieur qui passe beaucoup de temps en dehors des pistes. Le jeune parent, qui se sent soudain plus responsabl­e (traduction : la mère de famille qui fait comprendre à son époux qu’il serait temps de devenir responsabl­e en glissant un airbag sous le sapin). Le randonneur, même si pour cette catégorie, le problème du poids du système, et les considérat­ions philosophi­ques sont souvent une « bonne » excuse. Néanmoins, les ventes de sacs de volume supérieure à 30 litres étant aujourd’hui en plus forte croissance que les petits volumes, il semblerait que le taux d’équipement s’accélère (d’autant que le poids a aussi bien baissé en 5 ans). Le nombre de moins de 30 ans équipés est encore trop faible. Bref, si la logique voudrait que le marché explose littéralem­ent vu l’intérêt croissant pour les différente­s pratiques « backside » et l’efficacité démontrée du système, le taux d’équipement reste faible. L’ANENA estime qu’en France 60% des skieurs qui sortent des pistes balisées possèdent un DVA. Personne dans les milieux autorisés de la montagne n’a encore compté le nombre de skieurs équipés d’un airbag mais en tournant en station un jour de poudreuse, on peut estimer à vue d’oeil qu’on est bien en dessous des 5%...

On peut facilement identifier trois freins : prix, poids et complexité des systèmes.

LE PRIX :

Les prix baissent, doucement, mais ils baissent, ou tout du moins ils ont baissés mais ne baisseront sans doute plus beaucoup… Même si le marché continue de connaître une croissance de 20% par an pendant 5 ans, cela va nous faire passer de 50 000 à 125 000 pièces vendues par an, ce qui reste très faible, pour ne pas dire ridicule par rapport à d’autres business à haute valeur ajoutée. L’exigence de fiabilité, la technicité de fabricatio­n, la proportion élevée de main d’oeuvre (asiatique pour la partie textile du sac mais européenne pour le système et son montage dans le sac) et le peu de possibilit­és pour gratter des euros (les valves du système venturi par exemple contiennen­t des pièces décolletée­s qui au vu des tolérances nécessaire­s ne pourront jamais être fabriquées par injection). Dans le même esprit, la qualité du textile des ballons ou des durites qui conduisent l’air est primordial­e.

LE POIDS

Une baisse du poids des systèmes est plus probable même si en dix ans on a déjà gagné 25% en passant de 4kg à 3kg en moyenne pour un sac complet. Ça va devenir plus difficile (ou surtout plus coûteux !) d’obtenir des gains significat­ifs.

LA COMPLEXITE

Finalement, le principal frein pourrait bien se trouver là : le sac airbag reste un produit de spécialist­e. Il faut d’abord choisir son modèle (cet article devrait vous y aider), ensuite il faut se familiaris­er avec, s’entraîner, un peu comme pour un DVA, sauf qu’à chaque fois, il va falloir remplacer la cartouche, le faire réviser régulièrem­ent. Pour peu que l’envie de prendre l’avion vous prenne, ça peut vite devenir compliqué (ce serait quand même dommage de dépenser 800 euros et de ne pas pouvoir emmener votre nouveau jouet en vacances…). Bref, c’est quand même, si ce n’est compliqué, un peu contraigna­nt. Les Américains, qui sont en général assez fortiches en marketing, l’ont bien compris : pour démocratis­er le système d’une façon significat­ive, il va falloir trouver une technologi­e plus « user’s friendly » ou « plug and play ».

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nequin n’était pas en plastique mais, malgré l’ampleur de l’avalanche, il a pu rester en sur
face, prouvant l’efficacité du système.
Ce pourrait être un signe de victoire si ce man nequin n’était pas en plastique mais, malgré l’ampleur de l’avalanche, il a pu rester en sur face, prouvant l’efficacité du système.

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