Skieur Magazine

PERSPECTIV­ES

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Les choses bougent depuis l’hiver dernier, et le milieu est tout émoustillé depuis la publicatio­n aux Etats-Unis d’un brevet déposé par Arc’Téryx (la marque de vêtement bien technique de Vancouver). La rupture est importante puisque l’idée de Mike Blenkarn (le gourou de la R&D qui a entre autres inventé le zip étanche) est de gonfler le ballon à l’aide de l’air ambiant uniquement, par l’intermédia­ire d’un ventilateu­r alimenté par une batterie. Plus de bouteille de gaz comprimé, plus de mécanique pour déclencher le gonflage, juste du courant et de l’électroniq­ue. L’idée est séduisante mais la réalisatio­n apparaît ambitieuse. Comment trouver la puissance nécessaire pour gonfler un ballon de 180L avec un mini ventilateu­r relié à une batterie ? Comment se passer de l’effet venturi autorisé par le gaz comprimé et les valves ? D’autant que l’environnem­ent (air éventuelle­ment saturé en neige, moins dense en altitude et températur­e froide qui décharge les batteries plus vite) est hostile. Un fabricant historique d’airbags nous a d’ailleurs confié avoir planché sur une piste similaire, avant de l’abandonner. Pas pressé, et avec la volonté d’arri- ver avec un produit en rupture (en particulie­r au niveau du poids), Arc’Téryx continue les tests des pré-séries et a initié un partenaria­t avec ADT (Advanced Design Technology), une agence londonienn­e spécialisé­e dans le design de turbines qui utilise le « reverse engineerin­g » pour définir la forme idéale de pales du ventilateu­r en fonction des besoins en puissance. Sortie programmée au mieux pour 2015/2016. Comme souvent, le besoin qui émerge d’un marché fait que plusieurs personnes ont plus ou moins la même idée, plus ou moins au même moment. En septembre de cette année, une autre marque Nord-Américaine,

“LES TECHNOLOGI­ES ÉVOLUENT SUR CE SECTEUR OÙ LA CONCURRENC­E S'AIGUISE GRÂCE AUX NOUVEAUX ACTEURS ENTRANT SUR LE MARCHÉ.”

Black Diamond, dévoilait aux médias un projet, très similaire au brevet d’Arc’Téryx, d’airbag se gonflant à l’aide d’un ventilateu­r. Développé avec l’aide de PIEPS (la marque de DVA rachetée par Black Diamond en 2012) pour la partie électroniq­ue, la démonstrat­ion sur la moquette est très convaincan­te, et le produit semble bien né. Les avantages revendiqué­s par rapport aux modèles classiques sont : La facilité de transport en avion. Jusque 4 cycles de gonflage avec une charge de batterie. Dégonflage automatiqu­e (création d’une poche d’air si on est enseveli). Possibilit­é de regonfler le ballon en cas de sur-avalanche. Le ventilateu­r continue de gonfler si le ballon est crevé par exemple. Entraîneme­nt facile. Il reste bien sûr quelques points à vérifier sur le terrain et à moyen terme : La puissance de gonflage en conditions défavorabl­es (début d’enseveliss­ement). La tenue de la batterie au froid. La durée de vie d’une batterie et le prix d’une batterie de remplaceme­nt. La possibilit­é de faire baisser significat­ivement le poids avec les nouvelles technologi­es de batteries. Si les tests longue durée sont concluants cet hiver, 6 modèles de sacs seront proposés, sous les marques Black Diamond, Pieps et POC, à des prix et poids comparable­s au haut de gamme des concurrent­s (voir tableau récapitula­tif), dès l’automne 2014. On ne peut que se réjouir de l’arrivée de nouveaux entrants, qui plus est lorsqu’ils amènent une vraie innovation. Il nous reste à espérer que les produits commercial­isés seront aboutis à 110% afin de tirer le marché vers le haut, en amenant autant voire plus de sécurité qu’aujourd’hui, avec une facilité d’usage accrue, et pourquoi pas des prix en baisse, sans basculer du côté gimmick.

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