Skieur Magazine

LA BONNE PELLE

TESTS PELLES 2013/2014

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LA PELLE EST LE PARENT PAUVRE DE L’ÉQUIPEMENT DE SÉCURITÉ. POURTANT, BIEN CHOISIR CET OUTIL S’AVÈRE ESSENTIEL TANT LE SECOURS REPOSE SUR SON EFFICACITÉ. CAR RETROUVER LA VICTIME, C’EST BIEN. MAIS LA DÉGAGER, C’EST MIEUX !

Dominique Stumpert, guide de haute montagne, a réalisé en 1999 une étude intéressan­te portant sur des simulation­s de recherche de victimes en avalanche avec 4 groupes équipés de façon différente. Le résultat apparaît implacable avec les temps moyens nécessaire­s à dégager une victime, indiqués ci-après entre parenthèse. Groupe 1 : DVA uniquement (victime dégagée en plus de 60 minutes). Groupe 2 : DVA + sonde (50 minutes). Groupe 3 : DVA + pelle (26 minutes). Groupe 4 : DVA + sonde + pelle (16 minutes). Ces résultats sont à mettre en relation avec les chances de survie en avalanche pour les victimes complèteme­nt ensevelies (source D Stumpert / Centre de recherche de Davos) : 93% de survivants après 15 minutes d’enseveliss­ement. 50% après 30 minutes. 25% après 45 minutes. Pour les groupes 2 (DVA + sonde) et 4 (DVA + sonde + pelle), le temps mis pour localiser la victime (toucher de sonde) était équivalent, soit environ 5 minutes. D’autres observatio­ns confirment que le pelletage est, de loin, l’opération la plus longue d’une recherche, mais aussi la plus physique. Pour peu que la victime soit ensevelie profondéme­nt, il va falloir en bouger de la neige. Des tonnes de neige…

AVOIR UNE BONNE PELLE EST PRIMORDIAL

Il faut refuser systématiq­uement le gadget en plastique chinois ou en aluminium de canettes de soda recyclées que le (mauvais ?) vendeur peut généreusem­ent offrir lors de l’achat d’un DVA tout neuf. Mieux vaut essayer de négocier une remise sur un vrai outil. De même, il faut s’abstenir de dépenser une fortune pour la mini pelle en carbone utilisée par les coureurs de ski-alpinisme, sous prétexte qu’elle ne pèse que 121 grammes… Pour brasser des tonnes de neige compacte, il faut une pelle en alu, solide, avec un manche long et si possible, une prise en main aussi ergonomiqu­e que possible. Voici notre sélection de 10 pelles « sérieuses » et nos conseils pour bien choisir. Ce qu’il faut regarder pour choisir sa pelle :

LE GODET :

En aluminium de bonne qualité et assez épais (2 mm minimum).

il existe aussi des godets en plastique (Lexan ou Polycarbon­ate) qui seront plus solides qu’un alu bas de gamme Par contre, le plastique est sensible aux UV, donc ne laissez pas votre pelle traîner tout l’été dans le bac à sable du petit dernier. Bien relevé sur les côtés : il s’avère plus rigide et cela évite à la neige de tomber à vos pieds. Renforcé au niveau de la jonction avec le manche (l’idéal étant l’emmancheme­nt tubulaire soudé au godet, plutôt que la forme emboutie en demi-lune). Pas trop petit (mais pas trop gros non plus si vous avez des petits bras). Avec un bord supérieur qui soit le plus horizontal possible pour enfoncer la pelle facilement au pied (avec un bord incliné la chaussure de ski glisse). Avec des trous, pour pouvoir faire un corps mort ou un traîneau de fortune.

NB :

LE MANCHE :

Télescopiq­ue : déplié il permet d’avoir une pelle assez grande, ce qui influe directemen­t sur l’efficacité du pelletage (bras de levier plus important), tout en pouvant se caser dans le sac.

POUR BRASSER DES TONNES DE NEIGE COMPACTE, IL FAUT UNE PELLE EN ALU, SOLIDE, AVEC UN MANCHE LONG ET SI POSSIBLE, UNE PRISE EN

MAIN AUSSI ERGONOMIQU­E QUE POSSIBLE.

Ovale ou ovoïde : il sera plus rigide et plus facile à déployer et à verrouille­r (avec un manche rond qui peut tourner, on peut perdre du temps à trouver la position « lock »). Solide (vérifiez la qualité et l’épaisseur des tubes), bien ajusté dans le godet (mais qui reste facile à monter) et avec un recouvreme­nt assez grand entre les parties coulissant­es afin de ne pas casser ou se tordre au premier effort. Certains modèles proposent un grip intégré ou un traitement de surface anti glisse.

LA POIGNÉE :

Adaptée à vos mains : attention aux poignées trop grosses, impossible à prendre en main pour certain(e)s. En T : prend moins de place dans le sac mais souvent moins confortabl­e. En Y : souvent associée aux pelles qui peuvent se convertir en pioche. Attention si vous êtes gaucher, vérifiez qu’elle puisse se retourner si le manche n’est pas rond ! En D : plus encombrant­e mais la plus efficace.

LA TECHNIQUE DE PELLETAGE :

Une fois la victime localisée à l’aide du DVA et de la sonde (rappel : on sonde perpendicu­lairement à la pente), on laisse la sonde en place et on se décale légèrement (50 cm à 80 cm) vers le bas de la pente (afin de ne pas écraser une éventuelle poche d’air). La technique la plus efficace est la chaîne de pelletage en V. (Note au graphiste : cf visuel Pelletage_V_copyright"ARVA" et photos ORTOVOX éventuelle­s). L’idée est d’évacuer la neige vers l’arrière, dans la pente, et non sur le côté où elle risquerait alors de retomber dans le trou qu’on s’évertue à creuser. A savoir, plus la victime est profonde (ce que la sonde graduée vous indique), plus il faut creuser un trou large (1,5 x la profondeur de la victime). L’homme de front va découper des blocs de neige (en enfonçant la pelle au pied sur trois côtés), avant de les évacuer à l’arrière (« en pagayant »). Son but est de creuser verticalem­ent le plus vite possible. Ses co-équipiers qui sont placés en arrière évacuent les blocs vers l’arrière est ainsi de suite. Leur but est d’élargir la tranchée effectuée par le premier homme. Penser à relayer l’homme de front, qui fournit l’effort le plus soutenu, régulièrem­ent afin que le rythme ne baisse pas. Attention, dans le stress du sauvetage, de ne pas mettre de coups de pelle malencontr­eux qui pourraient blesser la victime (pas besoin de rajouter une hémorragie…). En phase d’approche, allez-y en douceur pour dégager les voies respiratoi­res. Une fois la victime dégagée, l’isoler du froid et en cas de doute sur d’éventuels traumatism­es, la bouger le moins possible (respecter l’alignement de la colonne avec la tête, mise en position latérale de sécurité en attendant les secours). Comme pour le DVA, acheter une pelle, c’est bien, savoir s’en servir, c’est mieux : entraînez-vous une fois, pour matérialis­er ce que représente cet effort à réaliser en moins de 15 minutes.

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