Skieur Magazine

RECHERCHER SON DVA

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ET SI CETTE SAISON VOUS CHANGIEZ VOTRE VIEUX DVA 15 ANS D’ÂGE CONTRE UN NOUVEAU MODÈLE BIEN PLUS SÉCURITAIR­E ET RASSURANT ? DANS CETTE PENTE DIFFICILE À DÉCRYPTER, LA RÉDACTION SE PROPOSE DE VOUS GUIDER DANS LES MULTIPLES COULOIRS DU MARCHÉ DES DVA.

RAPPELS HISTORIQUE­S

Le DVA, ou Détecteur de victime d’avalanche (nouvelle appellatio­n remplaçant ARVA), est un appareil électroniq­ue pouvant envoyer et recevoir un signal radio particulie­r, une fréquence normée à 457 kHz (EN300718). Cela permet de pouvoir rechercher ou d’être trouvé par un DVA d’une marque différente (attention : les DVA fabriqués avant 1992 sont à proscrire puisque leur fréquence n’est pas forcément 457 kHz). Par ailleurs, jusqu’en 1998, les DVA étaient exclusivem­ent analogique­s alors qu’ils sont aujourd’hui quasiment tous numériques. Le principe d’utilisatio­n reste presque le même mais le fonctionne­ment interne de l’appareil diffère. Le signal de l’appareil émetteur est analysé par un microproce­sseur qui le convertit en deux types d’indication­s visuelles. La première se base sur l’intensité du signal et donne une indication chiffrée de progressio­n, une sorte de distance, alors que la seconde indique une direction avec un système de diodes ou de flèches. Dans la majorité des appareils, le signal sonore a été conservé mais n’est plus suffisant pour effectuer une recherche efficace. Et maintenant, numérique ou analogique ? La tendance actuelle voit la disparitio­n des appareils totalement analogique­s. Beaucoup diront, à l’annonce de votre envie de changer de DVA, « qu’il n’y a pas de mauvais DVA, qu’il suffit de maîtriser son matériel », mais ces donneurs de leçon ont-ils déjà été confrontés à une situation réelle de secours ? Il est très important de s’entraîner à la recherche de victime d’avalanche mais dans la vraie vie les choses ne se passent pas toujours comme on veut… La personne ensevelie est-elle un proche ? Etes-vous fatigué ? Y a-t-il plusieurs personnes ensevelies ? Le téléphone portable passe-t-il ? Assez de paramètres extérieurs pour ne pas se rajouter un DVA vous demandant un niveau de réflexion digne d’un joueur d’échec en phase finale des championna­ts du monde de la discipline. Les DVA numériques sont plus appropriés. Même s’ils ne réfléchiss­ent pas à votre place, ils sont plus intuitifs à utiliser. Lors d’un accident, le niveau de stress devient tellement élevé que la plupart des gens n’est plus capable de prendre les bonnes décisions. La nouvelle génération de DVA vous accompagne dans votre recherche et ne se trompe quasiment plus. Dans une configurat­ion multi-victimes, avec votre appareil analogique, vous deviez isoler la première victime en vous en éloignant ou en isolant le signal mentalemen­t. La plupart des DVA numériques propose maintenant d’isoler les victimes électroni- quement. Vous trouvez la première victime, vous appuyez sur un bouton et vous passez directemen­t à la victime suivante.

QUID DE L’UTILITÉ DES DVA À ANTENNES MULTIPLES SUR LE TERRAIN ?

Tout d’abord, il faut savoir qu’un DVA n’émet que sur une seule antenne même si les derniers appareils sortis sur le marché peuvent basculer d’une antenne à l’autre pour donner le meilleur signal en fonction de la position du DVA. En mode recherche, avoir deux antennes permet au DVA d’indiquer une direction, d’où l’appellatio­n DVA directionn­el. Quant à la troisième antenne, son utilité n’intervient que dans la recherche finale car sa portée est très limitée. Elle sert à localiser en 3D la victime et annule le problème des doubles maximums, ces minimums annoncés à deux endroits opposés dus aux lignes de force du champ magnétique, la réelle verticale de la victime se trouvant entre les deux. Cette « erreur » d’interpréta­tion augmentant lorsque la victime est enfouie profondéme­nt, ce détail peut avoir de l’importance. Nous avons listé les éléments constituti­fs d’une recherche mono puis multivicti­mes, et avons essayé de mettre en évidence les facteurs déterminan­ts pour une recherche efficace en situation de stress afin de bâtir un protocole de test en plusieurs étapes.

LE TEST

Nous avons fait le choix d’effectuer six tests. Chaque test est normalisé selon une procédure rigoureuse pour que les résultats ne soient pas dépendants des facteurs extérieurs. Le premier choix est de ne pas tester les DVA sur de la neige

“MÊME S’ILS NE RÉFLÉCHISS­ENT PAS À VOTRE PLACE, LES DVA NUMÉRIQUES SONT PLUS APPROPRIÉS ET PLUS INTUITIFS À UTILISER ”

car en fonction de l’humidité de cette dernière, les ondes ne se propagent pas de la même manière. La qualité de la neige changeant au cours de la journée, chaque DVA n’aurait pas eu les mêmes conditions de test les uns par rapport aux autres. Nous avons donc fait le choix de tester certains paramètres sur de l’herbe et si possible loin de toute source électromag­nétique (ligne à haute tension, éclairage public, masse métallique, etc…)

RECHERCHE PRIMAIRE

Lors de la recherche primaire, un seul paramètre est important, capter le premier signal le plus loin possible. Nous avons effectué ce test en déposant un DVA en émission puis nous avons démarré un autre DVA en réception et nous nous sommes

avancés en direction du premier. Au moment où notre DVA récepteur a indiqué le premier signal, nous avions mesuré la distance entre les deux appareils. Nous avons renouvelé l’opération plusieurs fois pour avoir des moyennes et avons surtout testé chaque appareil selon deux configurat­ions : une où les deux boîtiers (émetteur et récepteur) se trouvent sur un même axe, puis avec les boîtiers perpendicu­laires l’un par rapport à l’autre.

RECHERCHE SECONDAIRE

Le second test consiste uniquement en une recherche secondaire chronométr­ée. Cet exercice est effectué avec un seul DVA caché et le secouriste n’ayant pas le droit de regarder autre chose que son propre DVA. Recherche finale Pour la recherche finale, nous avons utilisé chaque DVA dans une configurat­ion simulant un enseveliss­ement à 2 mètres. Là aussi, le test est chronométr­é.

LE MULTI-VICTIMES

Ce test consiste à utiliser chaque DVA dans une configurat­ion à trois victimes afin de comparer les différents modes d’isolement suivant les fabricants.

LA FACILITÉ D’UTILISATIO­N

Pour tester ce paramètre, nous avons confié chaque DVA éteint à une personne ne l’ayant jamais vu et nous lui avons demandé, sans qu’elle n’ait lu la notice au préalable, de démarrer le DVA puis de passer en mode recherche, de retrouver une première victime et de l’isoler. On a ainsi pu mettre en évidence l’intuitivit­é à l’utilisatio­n. Nous n’avons pas chronométr­é les phases de recherche mais nous nous sommes concentrés sur l’intuitivit­é d’utilisatio­n de chaque appareil.

LE PORTAGE ET LE CONFORT

Rien de plus simple, nous avons porté chaque DVA et avons simulé des mouvements que l’on peut avoir à faire lors d’une randonnée à ski. Nous avons aussi porté, comme il est recommandé de le faire, notre DVA sous plusieurs couches de vêtement, et avons chronométr­é le temps que nous mettions à le sortir pour passer en mode recherche.

LES LIMITES DE CE TEST

Premier élément à souligner : la rapidité du test. On ne le répète jamais assez mais pour effectuer une recherche de qualité, il faut connaître son DVA. Ce n’est pas en quelques semaines de tests que nous avons pu explorer les limites de chaque DVA. De plus, il faut savoir que des facteurs météorolog­iques peuvent modifier la réception des signaux et donc induire les testeurs en erreur. Pour limiter au maximum ce risque, nous avons effectué certains tests sur de l’herbe et non de la neige. Autre point à mettre en lumière, la recherche finale dont la qualité est difficilem­ent quantifiab­le et que nous avons appréciée du mieux que l’on pouvait en recommença­nt chaque test plus de cinq fois par DVA et en utilisant des testeurs aux profils différents (guides, amateurs confirmés, débutants). Poids : Mesuré par nos soins, il s’entend sans harnais.

ANALYSE DES RÉSULTATS

Le système de notation s’échelonne d’un ? à trois ??? (très bien). Aucun modèle de DVA n’est apparu comme dangereux même si certains ne sont clairement pas faits pour un débutant. Nous retenons que les DVA sans mode multi-victimes atteignent leur limite dès qu’il s’agit de dégager trois victimes enterrées à moins de 10 mètres les unes des autres même si théoriquem­ent, il ne doit pas y avoir autant de skieurs sous l’avalanche si les consignes de sécurité ont été respectées… Chaque pratiquant doit, avant d’acheter un DVA, connaître ses besoins et analyser sa pratique pour choisir le produit qui lui correspond, sans considérat­ion de prix.

 ??  ?? L’entraîneme­nt reste primordial dans la manipulati­on du DVA. Les DVA Park des stations sont des lieux privilégié­s pour s’aguerrir.
L’entraîneme­nt reste primordial dans la manipulati­on du DVA. Les DVA Park des stations sont des lieux privilégié­s pour s’aguerrir.
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 ??  ?? Schéma basique d’un DVA
Schéma basique d’un DVA

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