Skieur Magazine

L’IMPROBABLE RETOUR EN GRÂCE DES SKIEURS FRANÇAIS

- Laurent Belluard

Le Covid-19 nous a volé la fin de saison dernière, il va également à coup sûr rogner le début de saison 20-21 avec ce reconfinem­ent qui semble vouloir courir jusqu’au début des vacances de Noël ou presque, c’està-dire la date d’ouverture de l’intégralit­é des stations de ski françaises. La question est de savoir si notre remise en liberté sera fixée au 13 ou au 20 décembre, avec l’espoir que ce soit plus tôt. Mais bon, on verra… Une certitude en revanche, les Français vont se précipiter au ski comme ils l’ont fait en montagne à la fin du premier confinemen­t. Pour être plus exact, ils vont se précipiter « dehors » pour respirer, prendre l’air, voir l’horizon et se mesurer à nouveau à la morsure du froid. Pour être encore plus juste, on va tous vouloir aller en montagne pour profiter de la neige, quel que soit le médium employé. Pendant ces semaines sous couvercle, les stations préparent l’hiver, se mettent en ordre de marche, par fétichisme ou par nécessité, un peu des deux sûrement. On sait que sur la première partie de saison, les touristes étrangers vont en partie manquer, une clientèle généraleme­nt dotée de bons revenus qui fait les beaux jours des « grandes » stations. Si sur le territoire, les Français constituen­t 75 % des skieurs, dans ces stations internatio­nales, la proportion de skieurs étrangers peut facilement dépasser les 50 %, voire davantage. Autant dire qu’elles, les plus favorisées généraleme­nt, seront probableme­nt les plus impactées. À voir. Mais si le Covid pouvait avoir une vertu, ça serait d’avoir mis un coup de projecteur sur la clientèle hexagonale trop longtemps oubliée par les opérateurs à force de rêver de millions de Chinois débarquant dans nos montagnes. Pourtant, cela fait des années que Laurent Vanat, le spécialist­e suisse du tourisme de neige, répète à la manière d’un moine évangélist­e au milieu de la forêt tropicale, que le trafic touristiqu­e interconti­nental pour le ski est complèteme­nt anecdotiqu­e, de l’ordre de 1 %. Autant dire que les enjeux restent faibles à comparer des quasiment 60 millions de Français, juste là au pied de nos montagnes, qui ne skient pas. Si le monde du ski parvenait à motiver 1 % de ces Français à venir connaître les joies du ski et de l’hiver en montagne, ça serait 600 000 nouveaux clients ! Des clients potentiels qui habitent parfois tout proche, ou vraiment pas loin des stations. Il s’agit d’inventer de nouvelles offres et le faire savoir, sans négliger les adeptes qui détestent être les oubliés des bonnes affaires, les négligés des opérateurs. Lorsque vous avez l’habitude d’aller dans un restaurant, appréciez-vous d’être moins bien traité que les autres, sous prétexte que vous êtes « captif » ? Pas sûr… Le Covid-19 va peut-être changer cet état d’esprit qui hélas prévalait un peu trop souvent en station. Oui les skieurs français d’aujourd’hui doivent être bichonnés, oui les skieurs français de demain doivent être dragués. Et arrêter d’opposer les clientèles sous prétexte « que les Anglais ont un meilleur pouvoir d’achat », argument beaucoup trop souvent entendu. Chaque client, dans le ski, est un prescripte­ur, à la différence de celui d’un restaurant, même s’il peut en vanter les mérites de son établissem­ent préféré : on est obligé de manger, pas de skier. Une vraie différence, bien plus qu’un détail ! Bel Hiver.

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