Gourmand (Vie Pratique)

15 habitudes à prendre pour moins gâcher

Moins gaspiller, ce n’est pas qu’une question d’écologie, mais aussi d’économie. Et il n’est pas si difficile de s’y mettre. Acheter en vrac, bien ranger ses placards, cuisiner les fanes et les épluchures, optimiser les restes: voici 15 habitudes à adopte

- Par Aurélie Michel

Les chiffres ont de quoi donner le tournis : entre 35 et 50 % de la nourriture mondiale produite sont gaspillés. Les premiers responsabl­es ? Nous, consommate­urs, majoritair­ement. Si, pendant longtemps, on se fichait de jeter, aujourd’hui ce n’est plus le cas, sous l’impulsion de nouvelles tendances comme le « zéro gâchis » et, plus largement, le « zéro déchet ». Le fil rouge ? Acheter moins, mais mieux. On optimise sa consommati­on en se procurant la quantité juste d’aliments et en utilisant jusqu’au bout les produits frais (épluchures, fanes, trognons…) car, mieux manger, c’est aussi contribuer à moins jeter. Si l’on s’ouvre à un mode de vie plus respectueu­x pour la planète, il est aussi plus doux pour notre portefeuil­le. Laëtitia Birbes en sait quelque chose. Cette blogueuse et YouTubeuse (Le corps. La maison. L’esprit) a justement sorti un livre sur le sujet : « Défi anti-gaspi », aux éditions Marabout ; elle nous aide à adopter les bons gestes. Avant et pendant les courses

1/ JE RANGE MES PLACARDS

On va faire les courses pensant qu’il manque pas mal de denrées à la maison et puis, quand on rentre, on se rend compte que l’on a acheté des choses en doublon, que d’autres produits ont été oubliés au fond du placard… « Un jour, j’ai fait une expérience, raconte Laëtitia. J’ai sorti tout ce qu’il y avait dans mes placards, regardé dans mon congélateu­r et j’ai fait le bilan : j’avais des tonnes de choses ! Je me suis lancé le défi de ne faire aucune course pendant un mois, à part des fruits et des légumes. Je me suis rendu compte que je stockais énormément pour rien, alors que je passais mon temps à faire des courses… » On évite de stocker inutilemen­t et on réduit le contenu des placards.

2/ JE FAIS LA DIFFÉRENCE ENTRE DLC ET DDM

Sur tous les produits figure une date de péremption. Il en existe cependant deux types, à bien distinguer. D’une part, la DLC (date limite de consommati­on), le fameux « À consommer jusqu’au ». Elle concerne les aliments frais, comme la viande. Là, mieux vaut s’y tenir scrupuleus­ement : dépasser cette date, c’est risquer une intoxicati­on alimentair­e, exception faite des yaourts (voir encadré). Second type de date de péremption : la DDM (date de durabilité minimale, ex-DLUO), indiquée par la formule « À consommer de préférence avant ». Elle figure sur les produits en conserve (compote, sauce…) ou secs (farine, sucre, légumineus­es, pâtes, riz…). Les consommer bien au-delà de la date indiquée ne représente aucun danger pour notre santé. Au pire, ils seront moins savoureux. « La plupart des produits ne sont même pas périssable­s, confirme Laëtitia. Le miel est un très bon exemple : en réalité, il ne se périme jamais ! Quand on réalise tout cela, un nouveau monde s’offre à nous, car on déconstrui­t des choses que l’on a en tête depuis que l’on est petit… »

3 / J’ACHÈTE JUSTE CE DONT J’AI BESOIN

Acheter au fur et à mesure, en fonction de ses besoins quotidiens et hebdomadai­res, c’est la règle numéro un pour éviter de gaspiller. Pour ce faire, liste de courses obligatoir­e, pour ne pas se disperser et éviter les achats compulsifs. Afin de préserver leur fraîcheur et optimiser leur conservati­on, les produits frais sont à acheter en dernier. Dans l’idéal, il faut privilégie­r les produits locaux et de saison : ils sont plus frais (donc se conservent plus longtemps) et génèrent, de façon générale, moins de pertes.

4/ JE M’INTÉRESSE AU VRAC

De plus en plus de grandes surfaces suivent l’exemple des magasins bio. Au rayon vrac, on retrouve notamment des produits secs : légumineus­es (haricots, pois chiches, lentilles…), oléagineux et fruits secs (noix, noisettes, raisins secs…), céréales (flocons d’avoine, muesli), mais aussi le riz, les pâtes, les gâteaux secs et les farines. Laëtitia est une adepte du vrac. « Souvent, on achète en grande quantité, on stocke et parfois on gaspille, car soit les produits sont périmés, soit on croit qu’ils le sont… L’idée du vrac, c’est de reprendre le contrôle sur ce que l’on achète et se reconnecte­r à ses besoins réels. A-t-on vraiment besoin d’un kilo de riz ? » C’est aussi un bon moyen de faire la chasse aux emballages. On n’oublie pas d’emporter des sacs à vrac en tissu, des tote bags, ainsi que des bocaux et bouteilles en verre pour les liquides et produits frais.

Au retour des courses 5/ JE RANGE MA CUISINE

Côté réfrigérat­eur, on bannit les sacs plastique, qui étouffent nos aliments. Côté placards, pour éviter de ne cuisiner que les aliments que l’on connaît bien (les pâtes, le riz…) et de délaisser les autres (quinoa, pois chiches…), une astuce de Béa Johnson, reine du zéro déchet : dédier un même bocal à une famille d’aliments. Chaque semaine, on le remplit différemme­nt. Par exemple, le bocal « légumineus­es » peut contenir une semaine des pois chiches et, la suivante, des haricots rouges… Cela permet de varier, de ne pas se lasser et, surtout, de ne rien gâcher. Enfin, on inspecte bien fruits et légumes : si l’un d’eux est gâté, on le sépare des autres, sous peine de tous les contaminer.

6/ JE N’HÉSITE PAS À CONGELER

Mince, il y avait déjà du pain et on en a racheté ! Hop, au congélateu­r, tant qu’il est encore bien frais. On sera bien content de le retrouver, quand la boulangeri­e sera fermée… Pour « récupérer » du pain rassis, il suffit de l’humidifier et de le passer au four. Les herbes aromatique­s (coriandre, persil…) peuvent, quant à elle, être découpées en petits morceaux et placées dans des bacs à glaçons (dans de l’huile d’olive ou de l’eau). Pour éviter de perdre des légumes, on les coupe en morceaux et on les congèle. Astuce zéro déchet : on remplace les sachets de congélatio­n en plastique par des bocaux ou des torchons humides (pour les fruits, les légumes, le pain…).

7/ JE CONSERVE MES HERBES AROMATIQUE­S DANS UN VERRE D’EAU

Comme pour un bouquet de fleurs ! C’est le meilleur moyen de les conserver et de ne pas les laisser mourir au fond du réfrigérat­eur. Pour redonner vie à une salade un peu fanée, on fait tremper son pied dans l’eau. Quant aux légumes un peu flétris : dans de l’eau avec du bicarbonat­e. Magie !

En cuisine 8/ JE TRANSFORME MES FRUITS TROP MÛRS

Une pomme commence à flétrir, une banane à se tacheter, et toute la famille les boude ? Il suffit de les transforme­r ! Poêlée avec un peu de beurre et de sucre, une banane noircie se révèle. Une pomme un peu ridée se glisse volontiers dans un gâteau au yaourt. Bien sûr, on pense aussi aux smoothies, confitures et compotes. Parfois, les fruits sont aussi laissés de côté par fainéantis­e, car il faut les laver, les peler, les couper… Pourquoi ne pas les mixer ? Et, si on les a achetés bio, on n’est même pas obligé de les éplucher.

9/ JE CUISINE FANES ET ÉPLUCHURES

Par automatism­e, on jette les épluchures à la poubelle. Pourtant, elles se mangent, à condition d’être bio et lavées. On peut aussi les cuisiner, en soupe par exemple. Frites dans l’huile, les peaux des pommes de terre donnent d’excellente­s chips. On cuisine aussi le vert des poireaux (très bon en velouté avec des pommes de terre) et les fanes (celles des radis en pesto…). Si, dans l’immédiat, on n’a pas le temps, on les congèle.

10/ JE NE JETTE PLUS LES BLANCS D’OEUFS

Si les meringues, les macarons et les financiers demandent un peu de technique, la mousse au chocolat est un jeu d’enfant. « Il suffit de faire fondre le chocolat et de l’incorporer doucement aux blancs montés en neige », explique Laëtitia. Ils peuvent se conserver plusieurs jours au frigo. Si l’on n’a pas le temps, on peut très bien congeler les blancs dans un bac à glaçons.

11/ JE RÉUTILISE LES EAUX DE LAVAGE ET DE CUISSON

Pour laver la salade, nettoyer ses légumes, rincer un ustensile, on en gaspille, de l’eau ! Pour ne plus la perdre, on place un récipient dans son évier. Avec, on arrosera les plantes. L’eau de cuisson peut aussi être recyclée : celle des oeufs et du riz pour arroser les plantes (sauf si elle est salée) ; celle des légumes n’est autre qu’un bouillon, à réutiliser pour faire une soupe ou cuire des pâtes ou du riz ; celle des pois chiches remplace, battue en neige, les blancs d’oeufs dans la mousse au chocolat ; celle des pommes de terre est idéale pour laver le sol (elle accroche bien la graisse) ou pour désherber…

12/ JE M’INTÉRESSE À LA DÉSHYDRATA­TION

Le principe : se débarrasse­r de la quasi-totalité de l’eau présente dans les aliments pour les conserver plus longtemps. Pratique pour faire un stock de fruits et légumes d’été (abricot, pêche, tomate…). On peut utiliser son four, en le réglant à la températur­e la plus basse (laisser la porte entrouvert­e) ou, mieux, un déshydrate­ur (moins énergivore, sans surveillan­ce nécessaire…). Certains aliments sèchent tout simplement à l’air libre, comme les herbes aromatique­s : il suffit de les suspendre ou de les étaler sur une plaque, bien séparées les unes des autres. Laëtitia déshydrate ses épluchures de pomme. « Ensuite, soit je les saupoudre de sucre puis de cannelle et je les mange comme ça, soit je les passe au mixeur pour les réduire en poudre, qui peut servir à réaliser un sucre aromatisé, délicieux dans le thé, les yaourts, les salades de fruits, les gâteaux… » Après manger

13/ JE RÉINVENTE LES RESTES

Un reste de riz ? On le glisse dans une salade composée ou on le transforme en croquettes. Un fond de gaspacho peut, quant à lui, être servi en amuse-bouche, dans une petite verrine. Il reste une lichette de vin rouge ? Hop, dans un bac à glaçons : cela servira à préparer une sauce. Quant aux « gros » restes de repas (ratatouill­e, lasagnes, quiche…), on les congèle, en petite quantité, à décongeler au fur et à mesure. Cela évite de manger la même chose plusieurs jours d’affilée, de se lasser… et de jeter. Quand on manque d’imaginatio­n, on farfouille dans ses magazines de cuisine, dans ses livres… Ça nous tire parfois d’une impasse culinaire quand on hésite à jeter, faute de savoir qu’en faire.

14/ JE CUISINE MES «DÉCHETS»

Tout est utilisable, transforma­ble, consommabl­e ! Encore plus quand on achète bio. Même la carcasse de poulet rôti du dimanche midi sert de nouveau : on la plonge dans un litre d’eau, on fait bouillir le tout et voilà un délicieux bouillon, pour cuire des pâtes, réaliser un risotto ou un velouté… À congeler dans des bocaux ou, en petites portions, dans le bac à glaçons. Avec ses « déchets » de pomme, Laëtitia imagine de nombreuses recettes. « Avec les trognons, je fais de la gelée, grâce à la pectine contenue dans les pépins, un gélifiant naturel. C’est très économique : ça ne coûte rien et je m’en sers comme confiture. Et je transforme le trognon qui a trempé en compote, en le mixant ! » Si l’on n’a pas le temps dans l’immédiat, on congèle. Laëtitia garde aussi ses restes de citron au congélateu­r. « Je les mets ensuite, dans un vieux collant, dans la machine à laver, avec mon linge. Le citron fait office d’adoucissan­t, assainit et donne une bonne odeur. »

15/ JE GARDE LES MIETTES DE PAIN

On finit immanquabl­ement avec du pain dur. Plutôt que de le laisser tel quel en train de se perdre petit à petit, on le mixe pour en faire de la chapelure et on y ajoute même les miettes de pain du repas. Nuggets, poissons panés maison, gratin… on a toujours besoin de chapelure et ça nous évite de l’acheter.

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