Que boire avec des lasagnes

Peut-on boire des lasagnes avec un gaillac rouge issu du prunelart ? Certainement, tout autant qu’avec une syrah du Languedoc, à choisir dans un millésime frais qui lui donne une touche de minéralité.

Dans la trilogie des lasagnes, il y a les pâtes, la béchamel et la sauce bolognaise. À ce stade, deux écoles s’affrontent. Doit-on préparer la « bolo » au vin rouge ou au blanc ? La querelle, bien que toujours vivace, n’a jamais déclenché de guerre picrocholine, il est pourtant probable que Rabelais ait goûté la recette née au XIIIe siècle. Toujours est-il que Chinon, sa patrie, produit un vin qui possède dans sa trame moelleuse, juteuse, profonde et structurée de quoi satisfaire la vedette italienne. Le cabernet franc, son raisin, sapide, légèrement rustique, puissant et volontaire a des atouts. Ce cabernet franc que l’on trouve aussi du côté de Saint-Émilion… Et même si la sauce est au vin blanc, ce n’est pas une raison pour associer la même couleur dans le verre, le principe général étant de ne pas garder le vin de la recette à table.

Revenons à notre plat : vieille comme Job, la lasagne est née durant l’Antiquité. Grecs et Romains consommaient alors de fines abaisses de pâte cuites dans l’eau dont le nom signifiait « trépied de cuisine ».

Il n’y a pas de quoi écrire à la famille italienne si l’on décide d’ouvrir un chianti sur les lasagnes. En revanche, il y a lieu de convoquer le ban et l’arrière-ban des dégustateurs avertis si vous servez un superbe barolo du Piémont, la Bourgogne italienne.

Enfin, inutile de vous faire un dessin, pour les lasagnes, il faut du monde dans le verre : des parfums fruités et épicés, des tanins, c’est mieux, et de la profondeur. Les prétendants sont légion dans le sud de la France : languedoc, montpeyroux, saint-georges-d’orques ou pic-saint-loup, terrasses-du-larzac, côtes-du-roussillon-villages. À tester aussi : les rouges fruités du Sud-Ouest (gaillac) ou de Bellet, confidentiel cru niçois.