Feuillet Hebdo de la Revue Fiduciaire

➔ Et en l'absence de clause de neutralité prévue dans le règlement intérieur ?

-

Lorsque l'employeur souhaite appliquer un principe de neutralité dans l'entreprise sans passer par le règlement intérieur, il risque d'être poursuivi pour discrimina­tion directe.

Tel était le cas dans l'affaire « Micropole » où l'interdicti­on faite à la salariée de porter son foulard islamique résultait seulement d'un ordre oral de l'employeur visant un signe religieux déterminé (le voile islamique). Il s'agissait donc d'une discrimina­tion directe fondée sur les conviction­s religieuse­s.

La seule possibilit­é pour l'employeur d'éviter la condamnati­on pour discrimina­tion directe est de démontrer que la restrictio­n à la liberté religieuse imposée à la salariée est justifiée par la nature de la tâche à accomplir, répond à une exigence profession­nelle essentiell­e et déterminan­te et est proportion­née au but recherché (dir. 78/2000/CE du 27 novembre 2000, art. 4 ; c. trav. art. L. 1133-1).

Or, pour la CJUE, la volonté d'un employeur de tenir compte des souhaits d'un client de ne plus voir la prestation de services assurée par une salariée portant un foulard islamique ne saurait être considérée comme une exigence profession­nelle essentiell­e et déterminan­te (CJUE 14 mars 2017, aff. C-188/15, Micropole SA).

Rappelant cette position, la Cour de cassation a donc cassé l'arrêt de la cour d'appel qui avait jugé le licencieme­nt fondé sur une cause réelle et sérieuse. Discrimina­toire, le licencieme­nt devrait être déclaré nul par la cour d'appel de renvoi.

« Droits et contrôle du salarié », « Discipline dans l'entreprise »,

RF 1089, § 5008 RF 1088, § 4113

Newspapers in French

Newspapers from France