Cuisine et Vins de France

CHEZ MON FROMAGER

La cancoillot­te

- PAR AMANDA SCHREPF

Pour bien comprendre la fierté régionale qu’inspire ce fromage, il suffit d’écouter la chanson La Cancoillot­te, d’Hubert-Félix Thiéfaine :

« La cancan cancoillot­te / C’est un mets bien franccomto­is / Tout en dansant la gavotte / On se beurre la gueule à l’arbois / La cancan cancoillot­te / Ce n’est pas pour ces François / Quand ils viennent avec leurs bottes / On leur dit nenni ma foi. » Mais, que l’on se rassure, les Francs-Comtois partagent volontiers leur trésor !

Du metton fondu

À commencer par sa fabricatio­n, si particuliè­re. La cancoillot­te est préparée avec du metton, de la poudre de lait de vache écrémé, préalablem­ent fermenté pendant 8 heures puis caillé. Le metton est ensuite fondu avec de l’eau ou du lait, et du beurre. Puis, comme l’explique Thiéfaine : « Mon gars, tu prends le metton / Que tu verses dans le caquelon / Avec de l’ail, avec du beurre / Avec ton manche, avec ton coeur ! / Et faut touiller, ça, c’est sûr / Sinon ça devient de la confiture. » Quelques brassées plus tard, on obtient alors une pâte plus ou moins liquide et collante, d’où le deuxième nom de la cancoillot­te : la colle.

Origine romaine ou médiévale

L’origine de cette recette est incertaine. Certains pensent qu’elle remonterai­t à l’époque gallo-romaine et que son nom serait la traduction littérale du latin « concoctum lactem » signifiant « lait digéré », un terme qui figure dans des écrits relatant la prise de la Séquanie. Mais d’autres affirment que la cancoillot­te serait née au XVIe siècle de l’idée d’une cuisinière qui ne voulait pas laisser perdre le lait caillé.

Des goûts et des couleurs

Depuis ce temps, ce fromage à pâte fondue d’une couleur blanc cassé tirant vers le jaune se déguste chaud ou froid. Réchauffée et tiède, la cancoillot­te, accompagné­e de lardons, de pommes de terre vapeur et d’une saucisse de Morteau ou de Montbéliar­d, devient fondue franc-comtoise. Elle est aussi l’ingrédient-phare d’un plat traditionn­el : le poulet à la cancoillot­te. Aux classiques cancoillot­tes nature, ou au vin jaune du Jura et à l’ail, il faut ajouter celles à l’absinthe, au cumin, aux cèpes, à la truffe… Autant d’arômes pour ravir les palais car, comme le souligne l’auteur-compositeu­r : « La cancoillot­te, c’est tout un art / Il faut rien laisser au hasard. »

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